Études du livre au XXIe siècle

De mars à mai 2021, ce « printemps » des études du livre au XXIsiècle visait à mettre en valeur les chantiers de recherche en cours et à mettre en lien les jeunes chercheur⋅es d’un domaine scientifique qui se dessine à l’intersection de la littérature contemporaine, de l’histoire du livre et de l’édition, de la culture médiatique et des arts visuels.

Le site de l’événement a rendu disponibles, à partir de la semaine du 8 mars 2021 et de façon périodique, les contributions des participant⋅es au colloque. Une discussion ouverte suivait chacune d’elles, pour conduire à un événement-synthèse qui s’est tenu le 17 mai 2021.

Présentation du colloque

Le colloque s’est déroulé sous la forme de cinq livraisons publiées à intervalles de deux semaines, de la mi-mars à la mi-mai 2021.

Programme

Première livraison (10 mars 2021)
Deuxième livraison (24 mars 2021)
Troisième livraison (7 avril 2021)
Quatrième livraison (21 avril 2021)
Cinquième livraison (5 mai 2021)
Rencontre synchrone finale (17 mai 2021)

Une rencontre synchrone a eu lieu sur Zoom le 17 mai, à 9h30 (heure du Québec) / 15h30 (heure d’Europe de l’Ouest) ; elle réunissait l’ensemble des participant.e.s. (Elle n’a pas fait l’objet d’un enregistrement.)

Bilan suivant le colloque: «Définir collaborativement le chantier des études du livre au XXIe siècle» 

Dans ce billet, René Audet, Julien Lefort-Favreau et Mélodie Simard-Houde reviennent sur l’événement, ses perspectives et avancées.


À propos du colloque Études du livre au XXIe siècle

Argumentaire

La culture numérique a profondément bouleversé, notamment depuis les années 2000, le monde du livre. Les pratiques actuelles de création, d’édition et de lecture se reconfigurent en partie autour de nouveaux formats et supports du livre et de la littérature : livres « enrichis » ou « augmentés », livres numériques, livres audio, applications interactives pour appareils mobiles, hypertextes navigables sur le web. Dans ce processus de métamorphose, l’idée du « livre » – qu’il soit imprimé, numérique ou hybride, « homothétique [1] » ou nativement numérique – occupe toujours une place essentielle, mais penser ses formes, sa production, sa diffusion, son positionnement au sein de la culture ne peut désormais faire l’économie d’une réflexion sur les conséquences de l’entrée dans l’ère numérique.

Les études sur l’édition, le livre et son histoire doivent ainsi prendre acte de ces bouleversements, qui appellent – c’est le constat motivant cette journée scientifique – la définition d’un nouveau champ d’étude, interrogeant spécifiquement le livre – ou les livres – du XXIe siècle. Prenant appui sur la réflexion amorcée dans le monde anglophone des « book studies [2] », cette journée souhaite mettre de l’avant des chantiers émergents pouvant se rattacher aux études sur le livre du XXIe siècle. Quelles sont les implications pour les approches du livre contemporain de ce dialogue ouvert avec la culture numérique ? Comment se positionner critiquement, dans les cultures de langue française, en regard des réflexions déjà entamées à ce sujet dans le monde anglophone ?

Les propositions pourront s’inscrire notamment dans l’un des axes suivants :

1. Les nouvelles sources des études sur le livre

L’un des enjeux de l’étude du livre du XXIe siècle est dessiné par ses nouveaux modes de diffusion et de commercialisation. Comment récupérer et utiliser les données provenant des nouvelles sources médiatiques qui tracent l’histoire vivante du livre aujourd’hui, tels les sites d’entreposage numérique, de distribution et de vente en ligne, ou encore les réseaux socio-numériques, où s’expriment des communautés virtuelles de lecteurs ? 

2. La modélisation des circuits de production et de diffusion du livre

Comment envisager les nouveaux modèles de production, le rôle des sites d’entreposage, de vente et de diffusion du livre numérique dans la chaîne du livre ? Il serait utile de s’interroger sur la coexistence de modèles de diffusion traditionnels et de plateformes de contenu diffusé en continu. Plus encore, le recours à des stratégies numériques de diffusion du livre papier délimite de nouvelles interactions entre les réseaux sociaux et la commercialisation classique du livre. Comment modéliser ces circuits de production et de diffusion du livre aujourd’hui ? Comment revoir et adapter les modèles et théories antérieurs ?

3. La périodisation de l’histoire du livre et l’historicisation de ses questionnements

De nombreuses pratiques du XXIe siècle sont nées à la fin du XXe siècle. Quelles continuités affirmer entre histoire du livre au XXe siècle et au XXIe siècle ? Par ailleurs, comment l’histoire plus ancienne du livre peut-elle éclairer le livre du XXIe siècle et inversement ? Il paraît nécessaire de réfléchir aux questionnements fondamentaux de l’histoire du livre qui persistent quand on aborde le numérique – pensons à l’étude du rôle de l’éditeur et de l’« éditorialisation » sur le web (Vitali-Rosati) ; à l’évaluation des effets des formats et des supports nouveaux sur la création (incorporation par les œuvres et les producteurs culturels d’un imaginaire du support et des formes du livre) comme sur la lecture, à leur incidence sur le droit d’auteur et la propriété intellectuelle, et sur la mondialisation culturelle. 

4. La perméabilité et les frontières disciplinaires des études sur le livre

L’histoire du livre s’est d’emblée pensée et affirmée comme un champ d’étude interdisciplinaire [3]. Puisant à la fois à l’histoire, à la science de la communication, aux études culturelles, à la sociologie, aux sciences de l’éducation, aux arts visuels, ses frontières disciplinaires sont délibérément poreuses. Il nous importe de poursuivre une réflexion sur la place du livre dans la culture contemporaine et les pratiques actuelles de consommation culturelle. 

5. Études du livre et identités subalternes

Les études du livre sont aussi l’occasion de montrer les convergences entre des luttes politiques subalternes et des moyens de diffusion. En effet, nombre de travaux actuels s’intéressent à des moyens de diffusion marginaux, investis par des groupes affinitaires et politiques aux tendances variées. En parallèle de l’économie du livre s’élaborent des économies alternatives qui sont aussi des modes de vie et d’expression marginalisés. Cela permet de reformuler à nouveaux frais d’anciennes questions de sociologie de littérature : la petite édition (voire la micro-édition, voire l’auto-édition) veut-elle constituer une avant-garde visant à transformer le champ éditorial, ou incarne-t-elle plutôt un pôle contre-culturel, investissant les marges pour y rester ?

Formule de l’événement

Les études du livre au XXIe siècle sont un champ disciplinaire naissant, même si des travaux qui en relèvent ont été menés isolément depuis des années. Nous faisons le pari que l’enrichissement de ces recherches passe par la mise en lien des nombreux⋅ses chercheur⋅es, autant en poste qu’en formation, qui consacrent leurs efforts à déblayer divers aspects de cette thématique. Nous souhaitons ainsi mettre en valeur les recherches actuelles à travers un événement qui contribuera à mieux tisser une communauté scientifique francophone portant sur les études du livre au XXIe siècle.


Équipe

Comité scientifique

Coordination et animation

Partenaires de l’événement


Notes

[1] Le livre homothétique, par opposition au livre enrichi, est un «livre numérique équivalant, notamment par son format et sa mise en forme, à la version papier du même ouvrage ». Office québécois de la langue française, entrée « livre homothétique », Le grand dictionnaire terminologiquehttp://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche= 26541383

[2] Rachel Noorda et Stevie Marsden, « Twenty-First Century Book Studies : The State of the Discipline », Book History, vol. 22, 2019, p. 370-397, https://doi.org/10.1353/bh.2019.0013

[3] Leslie Howsam, « Réfléchir par l’histoire du livre. » Mémoires du livre / Studies in Book Culture, vol. 7, n° 2, printemps 2016, https://www.erudit.org/fr/revues/memoires/1900-v1-n1-memoires02575/1037043ar/